Voyage au centre de l’enfer

Dans ma recherche constante de films qui font flipper, je suis tombée sur une liste de films assez vantarde, puisqu’elle se réclame porteuse de titres inconnus et terrifiants pour Halloween.
Étant quelque peu sceptique vu les titres montrés (j’en ai vu quelques-uns), il y en a un qui a attisé ma curiosité. Il s’agit de The Vanishing, soit Spoorloos dans sa version originale et L’homme qui voulait savoir dans sa version française.



L’ayant vu dans la version originale, à savoir la franco-néerlandaise, je pense que vous ne m’en voudrez pas trop si j’utilise les deux derniers titres dans cet article pour désigner ce film.
Tout d’abord, sachez que Spoorloos n’est PAS un film d’horreur. Donc inutile d’approcher vos mains de vos yeux apeurés : vous ne verrez pas de giclette de sang, pas de jump scare… En revanche, ce que vous allez voir, c’est l’humain dans ses pires profondeurs, dans sa noirceur la plus totale. 
Soyez dégoûtés, le pire va venir.

Rex et Saskia veulent passer des vacances en France. Ce jeune couple néerlandais s’arrête sur une aire d’autoroute très fréquentée. Un moment, Saskia s’éloigne pour acheter des boissons avant de repartir. Elle ne reviendra jamais.
Rex la cherche en vain. Trois ans après, toujours déterminé à retrouver la jeune femme, il reçoit une carte d’un homme prétendant connaître le fin mot de l’histoire.



Bon déjà, en sachant le titre français du film et en voyant l’affiche, on pense à un film français à la con. Monumentale erreur (prononcé à la Danny Madigan qui n’a rien à foutre ici) !
Et même si le début du film ne nous éloigne pas de cette pensée, et ce pendant un sacré bon moment, tout change radicalement vers la moitié du film. Alors non, le début n’est pas ennuyeux, c’est juste qu’on s’attend à ce que le drame arrive, ce qui fait augmenter la tension et limite de l’angoisse.
D’ailleurs, dès le début on voit le méchant de l’histoire, Bernard-Pierre Donnadieu qui est foutrement excellent dans son rôle et qui a du charisme à revendre : malsain et si humain. Celui-ci échafaude son plan devant nous, attirer Saskia avec son bras faussement plâtré. Dès lors, on ne verra plus jamais Saskia mais uniquement Rex, obnubilé par sa recherche, même 3 ans après la disparition de son amie etRaymond Lemorne, le sociopathe de l’histoire.
Alors que le premier ne vit plus, ou du moins, pas en dehors de cette recherche de Saskia, au grand dam de sa nouvelle amie, le second vit sa vie normalement entouré par sa famille aimante, sa femme et ses deux filles avec qui il a une grande complicité. Et c’est là où L’homme qui voulait savoir est assez étrange et original, puisqu’on bascule dans la vie de Raymond, où le suit à regrets dans son quotidien, tout en ayant de la sympathie pour lui et devenant presque complices de ses agissements. Autant qu’il fascine, il inquiète : qui peut pousser un bon père de famille, un homme intégré dans la société à commettre l’irréparable ? Raymond est sociopathe, mais cela ne va-t-il pas à l’encontre de son comportement à l’égard de ses proches ?

De son côté, Rex est contacté par Raymond qui a l’air de tout connaître de lui, alors que lui ignore l’existence même de son ennemi. Raymond va jouer avec les nerfs de Rex et va construire un plan en jouant sur sa détermination, sa volonté de retrouver Saskia : il va tout lui révéler. De A à Z. Comment ses pensées ont pu le contraindre à enlever Saskia, comment il s’est préparé, mais surtout, le plus important pour Rex, qu’est devenue Saskia ? L’a-t-il tuée ou celle-ci est-elle retenue quelque part ? Se dresse alors un plan machiavélique et macabre, un piège se refermant tout doucement sur Rex. Ce dernier sera le personnage de Raymond dans sa mise en scène morbide, il vivra exactement ce qu’a vécu Saskia, c’est la seule possibilité pour Rex de savoir tout ce qui s’est passé.
A nouveau, on va plonger dans le quotidien de Raymond, son chemin vers le kidnapping, ainsi que ses multiples ratés avant sa rencontre avec Saskia. Mais cette fois-ci, on va vraiment connaître les abîmes du personnage et sombrer en même temps que Rex dans cette pourriture humaine. Même si comme avec Saskia, on n’est sûrs de rien et que cela ne présage rien de bon, les choses finissent par arriver avec fatalité, jusqu’au dénouement final malsain et noir à l’ambiance glaçante.
Voulant justifier ses faits, comme n’importe quelle personne normale, Raymond illustre ses agissements envers l’innocent couple de morale, de destin et de contrôle de sa propre vie. Ici, pas de justification bancale, on croit le tueur dans la véracité de ses propos et tout ce qu’il dit ne peut être que vrai, parce qu’après tout, pourquoi mettre en place un jeu où l’on triche ?




En conclusion, Bernard-Pierre Donnadieu est excellent en homme au-dessus de tous soupçons, les autres comédiens sont bons également, mais de par son rôle inoubliable et peu commun, celui-ci efface quelque peu les performances des autres.
Voyez-le, mais pas quand vous avez le cafard s’il vous plaît.

Hitler, la naissance du mal

En 2003, Christian Duguay réalise un film en deux parties pour la télévision, il s’appelle Hitler, la naissance du mal (Hitler: The Rise of Evil). Des acteurs de choix sont appelés pour incarner les personnages emblématiques de l’époque pré-1939 en Allemagne, celle de la montée d’Hitler, il s’agit de Robert CarlyleLiev ShreiberMatthew ModinePeter Stormare ou encore Julianna Margulies.
Comme je vous l’indique plus haut, ce film retrace la vie d’Hitler, de son enfance à son arrivée au poste de Chancelier/Führer de l’Allemagne. On y retrouve donc un enfant maltraité par son père, un pré-adulte torturé et refusé aux Beaux-Arts, un jeune adulte devenu caporal en 14-18, un membre du parti ouvrier allemand, le président de ce parti, et enfin, l’homme au pouvoir.
Ce film dure 3 heures mais a été raccourci de 50 minutes dans la version française par TF1. De nombreuses polémiques sont nées, suite à cette censure inexplicable et ridicule par la chaîne de télévision française.




La censure de TF1, qui a presque enlevé un tiers du film porte surtout sur l’enfance d’Hitler, ses années en tant que soldat de l’armée allemande pendant la première guerre mondiale mais aussi et surtout des discours antisémites (on trouve d’autres passages retirés, comme la présence seule des juifs du film). Et ces 50 minutes sont précieuses pour la compréhension du film : certaines scènes sont complètement dénaturées voire incompréhensibles, et donc, leur sens est erroné, si ce n’est inexistant évidemment. En effet, TF1 a semble-t-il voulu protéger les pauvres petits spectateurs français, les maintenir écartés de toute forme de violence verbale ou physique, faisant fi de la nature même d’Adolf Hitler. Les français sont donc préservés des scènes de violence physiques que le père d’Hitler a à l’encontre de son fils dès son plus jeune âge, mais aussi, son passage dans les tranchées où il tabasse notamment son chien (battre un animal, c’est impensable à la télévision !), et puis, on nous a retirés tous les discours anti-juifs prononcés par le futur Führer, comme si l’antisémitisme d’Hitler n’avait que peu ou pas existé. Par extension, les seuls juifs présents dans le film sont tout bonnement supprimés eux aussi, car vu qu’il n’y a pas de haine contre les juifs, autant virer complètement leur apparition, ils sont inutiles à la bonne marche du film. Bref, on aurait dit qu’une volonté de compassion pour le personnage se fait ressentir parmi les censeurs.
Dans cet esprit de protection, on peut relever l’absence de l’inceste, et ce même dans la version originale. Il est de notoriété publique qu’Hitler avait des relations incestueuses avec sa nièce Geli, mais cette partie a été éludée pour laisser place à une sorte de romance entre les deux personnages. Même si cette romance a ses limites, vu que la nièce est complètement étouffée par son oncle autoritaire et absolument rigide.

Cela dit, certains passages sont insuffisants car la portée de leurs conséquences est insuffisante. Effectivement, on voit un jeune Hitler livré à lui-même, suivant le discours d’un maire qui met sur le dos des juifs les malheurs sociaux, économiques et politiques de l’Allemagne… Et c’est tout. Ce qui aurait été intéressant, c’est de comprendre réellement ce qui s’est passé pour que son idéologie, son antisémitisme soient si extrêmes. Il manque donc des scènes révélatrices sur la nature de sa haine envers les juifs, des scènes qui montrent son formatage dans l’antisémitisme.
Cependant, on peut toutefois noter une volonté nette de donner dans l’authenticité. Car la plupart des scènes sont historiques et retracent parfaitement sa longue et sinueuse route vers le pouvoir : son premier passage en tant qu’intervenant au parti ouvrier allemand, son métier d’informateur après la guerre, la montée de son parti au pouvoir, etc… Ce qui est intéressant, c’est que l’on suit plusieurs personnages autour de la vie d’Hitler, et pas forcément les plus connus, comme sa principale aide financière, Ernst Hanfstaengl ainsi que sa femme ou encore celle du journaliste, Fritz Gerlich qui est l’un des premiers à voir le vrai visage d’Hitler, celui du fou, de l’imprévisible, du dangereux. Ces trois personnages, surtout les deux hommes, sont des proches d’Hitler de prime abord, mais sont vite rattrapés par la vérité et ne partagent aucunement son point de vue extrême sur les juifs, ni même sa façon de voir les choses en général. Au-delà de tout ceci, un véritable cheminement sur la personnalité d’Hitler est à relever et à apprécier, ça frôle parfois la diabolisation (l’enfant battu est forcément un futur adulte pourri ? l’homme refusé à ses études est forcément frustré ?), mais on note cette originalité, car peu d’œuvres auparavant ont pu réunir avec tant d’exactitudes la vie d’Hitler, son ascension au pouvoir. On a plutôt l’habitude de voir un Hitler pendant la guerre, sa suprématie, son déclin, ou tout simplement des œuvres en rapport avec la Shoah, mais guère son long chemin vers le pouvoir.



D’un point de vue cinématographique, le jeu d’acteurs est impressionnant. Personne ne surjoue, tout le monde est bien dans son rôle, authentique, là encore. Je pense notamment à Robert Carlyle et ses scènes où il monte au créneau (doux euphémisme), en éructant, son visage devenant colérique, ses yeux perçants… Bref, celle où il devient Hitler, l’orateur. Son visage donc, mais aussi sa gestuelle nous montrent à quel point il transcende son rôle de Führer empli de haine et de rage.
L’ambiance du film est glauque, à l’image d’Hitler. Effectivement, la photographie, les décors, les costumes… Ils retracent tous une volonté profonde de montrer l’horreur. Les images sont ternes, seul la couleur rouge (des communistes mais aussi de la croix gammée) ressort et devient hypnotique, rappelant la dangerosité d’Hitler face aux autres impuissants.
Ce qui conclut le film, ce sont des images accompagnés de courtes phrases sur le bilan de la guerre, et en général sur ce qu’a provoqué Hitler, à savoir une économie retombée à zéro, des morts, des camps, des essais médicaux, une société en flambeaux… Un lourd bilan, donc, que l’on reproche (à raison, bien entendu) à Hitler, et qu’on nous remet en pleine face afin que personne ne puisse oublier ce personnage et surtout les conséquences de ses actes haineux.

Hitler, la naissance du mal est pour moi un très bon (télé)film : on arrive à mieux percevoir comment un homme cruel, clairement intentionné et absolument haineux a pu arriver au pouvoir, grâce, ou plutôt à cause d’hommes inertes, mais aussi et surtout à cause d’une politique bancale, d’une Allemagne laissée pour morte par les pays vainqueurs et qui avait besoin de connaître des coupables et de se nourrir de fantasmes et d’une possible guérison. On dénote alors une facilité déconcertante, même si semée d’embuches, pour Hitler à accéder au pouvoir avec son idéologie. Il faut donc voir, pour tout saisir et tout comprendre, la version non-censurée et éviter avec hargne celle de TF1, qui en plus de nous prendre pour des imbéciles, est lourde d’incohérences. Ce film est assez original dans son traitement du personnage, car rares sont les fois où l’on nous a montré un Hitler avant la guerre et avant son titre suprême de Führer.

La dernière maison sur la gauche (2009)

Note de haut de page : Je n’ai pas vu le premier film, celui de Wes Craven, donc impossible de faire la comparaison.
Note de haut de page 2 : Contient des spoilers.

Cette fois-ci le réalisateur est Denis Iliadis (inconnu au bataillon pour ma part). On trouve comme acteur Sara Paxton, Tony Goldwyn, Monica Potter ou encore Garret Dillahunt.

Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d’un lac. Leur fille, Mari, et sa copine Paige se font enlever par Krug et ses proches, des psychopathes. Laissée pour morte, elle va rejoindre la demeure familiale et être sauvée par ses parents qui vont la venger à leur manière.

Rob Zombie ?

Échange de rôles : on ressent de l’empathie pour les méchants, on a du mal à comprendre les gentils ; violences en cascade : agression, viol insoutenable, meurtres… La dernière maison sur la gauche peut nous faire penser aux films de Rob Zombie. Et plus particulièrement à The Devil’s rejects.
Ce film est totalement sombre, malsain et violent. Il nous montre la plus mauvaise partie de nous-mêmes, ce que nous sommes réellement, à savoir des bêtes cachées sous des visages humains.
Tout va très vite en ce début de film : l’évasion de Krug, l’arrivée des Collingwood, l’enlèvement des filles, le meurtre de Paige, le viol de Mari, son évasion…
Barbarie, cruauté, violence gratuite, vengeance… Tant de mots pour définir ce film. Mais la clé est surtout la vengeance : Mari se fait violer et est laissée pour morte ? Qu’à cela ne tienne, ses parents prennent simplement soin de leur fille et décident de se faire justice eux-mêmes. On relativise, on se met à leur place.
En fait, ce film est un gros « Et si c’était vous ? ». Comme beaucoup, vous me direz, mais là, la frontière avec la réalité est tellement fine que l’on ne peut que se demander ce que l’on ferait à la place de ces chers Collingwood, au préalable présentés comme une famille aimante, unie malgré la perte d’un fils et d’un frère. Bref, tout est fait pour faciliter la corrélation nous/eux.

Réalisme et justesse

C’est donc maintenant que je veux en venir à cette volonté de réalisme prêchée par le réalisateur. On se prend une grosse claque quand Monsieur et Madame Tout Le Monde décident de martyriser trois personnes responsables des atrocités commises sur leur fille et sa copine.
On peut donc remercier non seulement la mise en scène mais aussi le jeu d’acteurs. Pas d’acteur connu, mais une très bonne interprétation qui nous offre une immense crédibilité. Tout passe crème, si je puis dire. On ne se pose pas de question, on vit le film comme si nous étions à la place des Collingwood.

Quelques faiblesses à noter

Tout d’abord, je tiens à dire que la scène finale est (rayez rien) : inutile, bête et laisse un mauvais goût au film. Cette scène est l’ultime vengeance du père où il fait exploser la tête de Krug dans un micro-ondes. Si cette scène n’avait pas été là, vraiment, la scène précédente aurait suffit à conclure le film, pas forcément en beauté, mais au moins, sans en faire trop. Là c’est du tape-à-l’œil, du « ça va plaire au public à sensation ». Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé cette fin et son absence ne m’aurait vraiment pas dérangée.
Ensuite, bien que réussie, la deuxième partie du film peut sembler pour certains, décroissante par rapport à la première partie. En effet, cette première partie est très réussie et nous met dans la bain tout de suite : tout s’enchaîne rapidement, on est ébahis devant le spectacle qu’on nous offre. Alors que pour la deuxième partie (que je situerai au moment où les Collingwood recueille Krug et sa famille), c’est un peu plus lent, du coup, l’habitude que l’on avait prise depuis le début s’éteint. On n’est pas déçus, mais un autre rythme s’offre à nous, et c’est déroutant.

En bref

J’ai beaucoup aimé ce film, ça ne fait pas de détail, ça parle de vengeance, c’est gratuit mais intelligent, tout est maîtrisé. Bref, je vous le conseille.

Polisse (2011)

Polisse.
Je l’ai découvert grâce aux Césars du cinéma récemment. Comme je me sentais bien conne à n’avoir vu aucun des films présentés, j’ai voulu me rattraper et je suis tombée sur Polisse. Et c’est franchement sans regret.

Alors pour le casting, les récompenses et tout ça, Polisse c’est un film de et avec Maïwenn, mais aussi avec Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs ou encore Nicolas Duvauchelle.
Ce film a reçu le prix du Jury à Cannes, aux prix Lumières, celui du meilleur réalisateur et a été nominé dans de nombreuses catégories et a remporté d’autres récompenses.

Le pitch de Polisse :
Tout d’abord, on doit les deux « s » de « Polisse » à une faute du fils de Maïwenn. Ça c’est pour l’anecdote.
Pour ce qui est de l’histoire, on est tout droit plongés dans une brigade de la police : la BPM, autrement dit, la Brigade de Protection des Mineurs de Paris. Où l’on rencontre toute une équipe de policiers est chargée de traquer les pédophiles, les parents maltraitants, mais aussi les jeunes à la dérive et tous les autres problèmes de mœurs liés aux enfants, adolescents et leur entourage. Mélissa, une photographe vient dans cette brigade pour faire un portfolio du travail des policiers, ce qui n’est pas au goût de tout le monde…

Un jeu d’acteurs assez impressionnant
J’étais réticente quant au fait de voir Joey Starr en tant qu’acteur. Le personnage ne me plaisant guère, j’émettais des réserves et j’ai été incroyablement surprise. Alors certes, il est la tête brûlée de la bande, mais il montre beaucoup d’humanité et d’empathie.
Marina Foïs, quant à elle m’a étonnée. Je n’ai pas l’habitude de la voir dans des rôles dramatiques et je dois avouer que sa prestation m’a séduite et conquise. Elle se révèle petit à petit dans ce film, on comprend non seulement qu’elle est l’un des personnages clés du film, mais aussi et surtout, on nous sous-entend qu’elle est aussi une victime.
Les autres acteurs, que je n’avais pour la plupart jamais vus sont eux aussi brillants et composent leurs rôles respectifs à merveille.
J’émets seulement une réserve sur Maïwenn. En effet, je la trouve tout simplement inutile dans ce film. Je ne comprends pas pourquoi elle a voulu faire ce personnage. En fait, le rôle de la photographe est un faux prétexte pour amorcer le film, son personnage n’a nulle importance dans ce film, pire, elle passe pour une gourdasse et c’est un des points noirs du film.

Un peu de voyeurisme…
Il aurait été difficile de faire un film comme celui-là sans sombrer dans le voyeurisme. Et malheureusement, Maïwenn n’a pas pu empêcher cela. Rien que par son personnage de photographe qui vient mitrailler des enfants qui pleurent, des familles en détresse, elle nous dresse un tableau presque malsain et misérabiliste des victimes. Comme si ces victimes n’étaient que des clichés et qu’il n’y avait aucune profondeur dans ces histoires : elle, elle a été violée, lui, il s’est fait martyrisé… Dans les affaires traitées, on a l’impression de déjà tout connaître : entre le père marocain qui veut marier sa fille mineure avec un cousin au pays, la mère malienne qui « abandonne » son enfant à la police pour que celui-ci n’ait plus à vivre dans la rue ou encore la descente dans un camp de roms où tous les gosses sont embarqués pour aller dans un foyer… Tout cela est mitraillé sans relâche par cette potiche bourgeoise de Mélissa (Maïwenn) qui veut ses photos, peu importe le sort des victimes.

…mais beaucoup de réalisme
Maïwenn ne passe pas par quatre chemins pour montrer les habitudes de cette brigade, preuve en est, on nous laisse devant des scènes, des paroles crues et directes. Entre les « Papa me gratte les fesses » et les « J’imagine que je fais l’amour à ma fille… Ça vous choque ? », on écoute aussi bien les victimes que les auteurs des incestes et viols. Le spectateur n’est pas ménagé, c’est trash, mais c’est comme ça. D’ailleurs, lors d’une conversation (engueulade) avec sa femme, le chef de la brigade crie « C’est dit comme ça parce que c’est comme ça ! ».
Polisse met également un point d’honneur à mettre en avant le conflit générationnel entre les policiers et les jeunes de maintenant qui baisent, sucent et s’enculent à tous les râteliers sous n’importe quel prétexte. Des répliques édifiantes viennent montrer à quel point ce choc générationnel est existant, en effet, à un moment, une jeune crie dans les locaux « A 14 ans, on baise, on suce, c’est ça la vie ! Regardez un peu la télé, j’sais pas, mettez-vous à jour ! ».
Vous vouliez voir un film Bisounours où toutes les victimes s’en remettent et les méchants sont en prison ? Changez de film, Polisse, c’est pas ça. Polisse, c’est la réalité. Et pourtant, le générique de début du film qui utilise le thème de L’île aux enfants pourrait nous faire croire que si, mais je vous assure que non.
De plus, l’aspect privé des policiers est lui aussi abordé, on veut nous montrer que ce sont eux aussi des personnes avec leurs problèmes : divorce, amours cachées, engueulades… On se prend d’affection pour ces policiers qui doivent non seulement gérer leur vie quotidienne et leur vie professionnelle.
On passe aussi par les problèmes de hiérarchie, les jalousies entre services…

Cependant, l’une des grandes forces de Polisse est son rythme. Effectivement, pour casser ce côté sombre et dramatique, elle désamorce les situations et met en avant les vies des policiers, mais aussi et surtout leurs fous rires face à certaines situations.
Une ado gothique qui fugue, on entend Fred (Joey Starr) répliquer : « Quand tu l’as chez toi, faut pas éteindre les lumières. T’es sûr que c’est pas ses parents qui ont fugué ? »
Une fille suce des mecs pour récupérer son téléphone portable, ce même Fred demande « Et pour un ordinateur, tu fais quoi ? » et Iris (Marina Foïs) renchérit « Eh ! J’ai perdu mon portable ! ».
Ces situations provoquent fous rires chez le spectateur qui a auparavant entendu et vu des choses crues, dont notamment, l’IVG d’une jeune fille qui s’est fait violer et dont le fœtus est au premier plan d’une scène sous les yeux médusés d’Iris.

En résumé
Ce film est un véritable choc, tant pour les yeux que pour les oreilles. Malgré son côté voyeuriste et le personnage de la courge vite effacés par du réalisme pur et dur, Polisse nous en envoie plein la face et dépeint avec force et vérité les mœurs qui arrivent autour de nous.
Le côté vie privée des inspecteurs appartient lui aussi au côté réaliste, chacun a ses problèmes, comme dans la vraie vie, ils sont pas tous bien dans leurs pompes et on nous le fait savoir. Même s’ils arrivent à se détendre de temps en temps, ils sont souvent ramenés à la difficulté psychologique que leur apporte leur travail et qui entache leur vie familiale et affective.